Rien n’est noir, Claire Berest

Pourquoi ce livre ?9782234086180-001-T

Il fait le tour des réseaux sociaux. On le voit partout ! Alors lorsque je l’ai aperçu sur la table de présentation des nouveautés, j’ai eu envie de l’emprunter. Je ne connaissais que vaguement la vie de Frida Kahlo et c’était donc l’occasion d’en connaître plus.

Résumé

« À force de vouloir m’abriter en toi, j’ai perdu de vue que c’était toi, l’orage. Que c’est de toi que j’aurais dû vouloir m’abriter. Mais qui a envie de vivre abrité des orages? Et tout ça n’est pas triste, mi amor, parce que rien n’est noir, absolument rien.
Frida parle haut et fort, avec son corps fracassé par un accident de bus et ses manières excessives d’inviter la muerte et la vida dans chacun de ses gestes. Elle jure comme un charretier, boit des trempées de tequila, et elle ne voit pas où est le problème. Elle aime les manifestations politiques, mettre des fleurs dans les cheveux, parler de sexe crûment, et les fêtes à réveiller les squelettes. Et elle peint.
Frida aime par-dessus tout Diego, le peintre le plus célèbre du Mexique, son crapaud insatiable, fatal séducteur, qui couvre les murs de fresques gigantesques.»

Avis

Quelle beauté ce roman ! Cela faisait des années que je n’avais pas lu un roman aussi sublime !

A travers ce roman j’ai découvert qui était la femme derrière l’artiste. Frida Kahlo, une femme tellement libre ! Tellement en avance sur son époque. Une femme qui a souffert toute sa vie et qui a décidé de vivre pour l’oublier.

Mais dans ce roman c’est surtout la femme amoureuse que nous suivons. Un amour si passionnel, si furieux ! Cet amour qui lui donne tant de bonheur et de tristesse également ! Elle donne tout pour Diego Rivera. Elle lui voue toute sa vie.

Ce couple qui faisait vivre la scène artiste de son époque au Mexique mais aussi dans le monde entier n’aura de cesse de s’aimer et de se déchirer jusqu’à la fin de la vie de Frida. J’ai adoré les suivre dans les grands événements de leur vie artistique et privée.

La souffrance de Frida est insupportable tant on l’aime ! Sa fin m’a brisé le cœur et j’ai énormément pleurer…

L’écriture de Claire Berest sublime l’histoire de ce magnifique couple. J’ai été subjuguée par son style. Des phrases hachées, longues, haletantes, rythmées.

Bilan

Magnifique !

Le bal des folles, Victoria Mas

Pourquoi ce livre ?9782226442109-j

C’est mon mari qui me l’a offert pour ma fête. Il me connaît bien car les thèmes sont exactement ce que j’aime dans la littérature : l’histoire et le sort des femmes.

Résumé

Chaque année, à la mi-carême, se tient un très étrange Bal des Folles. Le temps d’une soirée, le Tout-Paris s’encanaille sur des airs de valse et de polka en compagnie de femmes déguisées en colombines, gitanes, zouaves et autres mousquetaires. Réparti sur deux salles – d’un côté les idiotes et les épileptiques ; de l’autre les hystériques, les folles et les maniaques – ce bal est en réalité l’une des dernières expérimentations de Charcot, désireux de faire des malades de la Salpêtrière des femmes comme les autres. Parmi elles, Eugénie, Louise et Geneviève, dont Victoria Mas retrace le parcours heurté, dans ce premier roman qui met à nu la condition féminine au XIXe siècle.

Avis

Le début de ce roman m’a complètement emballé. L’histoire de ce bal à la Salpêtrière m’était totalement inconnue. J’ai aimé suivre le quotidien de ces femmes parfois folles et parfois juste trop indépendantes. Le roman se divise en trois points de vue :

  • L’infirmière en chef : c’est un personnage extrêmement touchant. Elle voue sa vie à l’hôpital mais découvre très vite que seuls les hommes prennent des décisions et que son avis à elle n’a aucune importance.
  • Les « folles » déjà internées. Nous faisons connaissance, à travers Louise, jeune internée de 16 ans, avec les pratiques de Charcot. Je ne me suis pas du tout renseignée sur ces-dites pratiques. Il semble qu’il ait fait avancer la science de la psychologie féminine. Le roman ne lui rend pas du tout hommage, bien au contraire. La description de ses séances d’hypnose public où il apparait comme une star sur l’estrade m’ont donné la chair de poule ! A travers ces « folles » l’autrice s’intéresse au sort des femmes au XIXe siècle.
  • Une jeune femme de très bonne famille, très indépendante, qui va très vite finir internée.

L’énorme bémol que je mets à ce roman c’est son évolution vers l’ésotérique. Quel dommage d’être passé par ce biais. Le quotidien des internées était largement suffisant ! Cela m’a vraiment tout gâché !

Bilan

Je me suis attachée aux personnages. C’est la seule raison qui m’a fait finir ce roman.

La goûteuse d’Hitler, Rosella Postorino

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J’adore les romans historiques et les critiques élogieuses de ce roman m’ont donné très envie !

Résumé

1943. Reclus dans son quartier général en Prusse orientale, terrorisé à l’idée que l’on attente à sa vie, Hitler a fait recruter des goûteuses. Parmi elles, Rosa. Quand les S.S. lui ordonnent de porter une cuillerée à sa bouche, Rosa s’exécute, la peur au ventre : chaque bouchée est peut-être la dernière. Mais elle doit affronter une autre guerre entre les murs de ce réfectoire : considérée comme « l’étrangère », Rosa, qui vient de Berlin, est en butte à l’hostilité de ses compagnes, dont Elfriede, personnalité aussi charismatique qu’autoritaire. Pourtant, la réalité est la même pour toutes : consentir à leur rôle, c’est à la fois vouloir survivre et accepter l’idée de mourir.

Avis

J’ai trouvé ce livre à la fois très intéressant et très attendu.

Intéressant car l’auteur traite d’un sujet que je ne connaissais pas du tout. J’ai pourtant beaucoup lu sur cette période sombre de l’histoire. L’existence des goûteuses d’un Hitler paranoïaque semble évident pourtant. J’ai aimé faire la rencontre de l’une d’elle. Rosa est un personnage très attachant auquel il est très facile de s’identifier. Ce qu’on lui impose est horrible : elle risque la mort à chaque bouchée. Mais très vite l’auteur s’écarte de son propos pour se consacrer à la vie quotidienne de notre narratrice. La vie quotidienne dans la campagne allemande. Je n’avais jamais lu de roman sur la deuxième Guerre Mondiale du point de vue d’un héros allemand.

Deuil, privation, soumission, révolte… Mais il y a un petit « je ne sais quoi » en plus dans ce roman. Le ton est dur mais léger à la fois. Rosa est un personnage complexe qui m’a séduit par ses faiblesses. J’ai adoré la suivre elle et ses camarades dans leurs loisirs, leurs corvées, leurs relations avec les autres. Découvrir leur amitié naissante s’affermir au fil des pages. Cependant, la triste réalité de la guerre me saisi et m’effraie toujours autant !

Par contre, j’ai été très déçue par certains passages de l’histoire. Des lieux communs ou des événements amenés avec de gros sabots ! Je ne peux pas plus expliciter au risque de révéler l’intrigue mais ce n’est clairement pas pour le suspens qu’il faut lire ce livre ! C’est vraiment pénible quand les auteurs cèdent à la facilité !

Une agréable lecture qui m’a appris plein de choses malgré fort air de déjà vu…

Le Mars Club, Rachel Kushner

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J’ai lu beaucoup de critiques élogieuses sur ce roman et cela m’a énormément donné envie de le lire ! Le prix Médicis m’a convaincu.

Résumé

Romy Hall, 29 ans, vient d’être transférée à la prison pour femmes de Stanville, en Californie. Cette ancienne stripteaseuse doit y purger deux peines consécutives de réclusion à perpétuité, plus six ans, pour avoir tué l’homme qui la harcelait. Dans son malheur, elle se raccroche à une certitude : son fils de 7 ans, Jackson, est en sécurité avec sa mère. Jusqu’au jour où l’administration pénitentiaire lui remet un courrier qui fait tout basculer.

Avis

J’ai mis beaucoup de temps à rentrer dans cette lecture. La narratrice fait beaucoup d’aller-retours entre le présent et le passé et même entre différents moments de son passé. Ce n’est pas compliqué à suivre mais c’est un peu déroutant car je ne comprenais pas trop où elle voulait en venir. Après réflexion, je pense que l’auteur nous immerge dans les pensées de son héroïne.

L’univers carcéral féminin est très bien décrit. C’est le plus intéressant dans ce roman et c’est bien dommage de ne pas avoir concentré le récit sur cela. Nous n’en avons que des bribes par-ci par-là. En nous contant le passé de son personnage, l’auteur a voulu nous faire comprendre son parcours et pourquoi celui-ci se terminait en prison. A mon humble avis, cela n’est pas nécessaire. Oui, la narratrice est une pauvre fille victime d’un système judiciaire inhumain où seuls les riches peuvent s’en sortir. On le comprend bien et je ne pense pas qu’il soit utile d’insister tant que ça.

D’autres personnages prennent la parole dans ce roman. Certains chapitres ne sont plus concentré sur Romy mais sur ses co-détenues ou même sur un détenu homme. Ainsi, nous découvrons d’autres vies. D’autres personnes tout aussi paumés qu’elle. Cela rend le récit plus riche. J’ai aimé la diversité des personnages et beaucoup sont très attachants. Conan par exemple est une femme très masculine. Homosexuelle assumée, elle est franche et très drôle. L’histoire de l’homme transexuel qui s’opère seul pour être transféré dans une prison de femmes m’a beaucoup ému. Dans un monde si dur pour les personnes différentes, je n’imaginais même pas toutes les violences qu’on leur fait subir.

Un autre personnage m’a beaucoup plu, celui du professeur. Il m’a fait réfléchir sur ma profession dans ces milieux fermés si particuliers. Où est la limite de notre dévouement ? Dans ce récit, le professeur finit par démissionner car il les franchit beaucoup trop souvent (il offre de la laine par-ci, des livres par-là). Il est trop humain et se laisse même séduire par ces femmes prêtes à tout pour un peu plus de confort.

Enfin, ce roman pose la question de la maternité quand on est en prison. Romy est condamnée à deux peines de perpétuité et elle laisse un petit garçon de 5 ans derrière elle. Elle n’est pas la seule. Cette évocation pour moi jeune maman, est la plus dure. Les enfants doivent-ils payer pour les erreurs de leur maman ?

Un beau roman qui va m’amener à me pencher sur les récits en prison.

En nous beaucoup d’hommes respirent, Marie-Aude Murail

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J’étais très curieuse de lire Marie-Aude Murail version adulte.

Résumé

Des albums photo, des menus de mariage, des images de communion, des dents de lait, des documents administratifs, des centaines de lettres, des journaux intimes… Voilà le trésor que Marie-Aude découvre en vidant la maison de ses parents. En ouvrant les boîtes à archives, les morts se réaniment. Devant elle se déroule ce grand roman familial. C’est l’histoire des Murail qui se dessine. Mais plus encore, celle de toute famille française. En nous beaucoup d’hommes respirent est une enquête intime. Une plongée dans un récit familial, à la fois commun et singulier.

Avis

J’ai adoré ce roman !

D’abord parce que Marie-Aude Murail a une famille et une vie très intéressante. Ses ancêtres ont traversé tous les grands moments de notre histoire et en ont laissé une trace par l’intermédiaire de lettres que l’auteur a en sa possession. Famille d’écrivains, ces lettres sont magnifiques. Surtout les lettres d’amour que son grand-père a écrit à sa grand-mère. Un amour intense et tellement bien retranscrit sur le papier ! Chaque membre de sa famille a eu un parcours particulier. Cette richesse d’expériences permet au roman de ne jamais être monotone. L’auteur livre également son intimité et même si elle n’a pas traversé de grandes catastrophes, sa sincérité nous touche énormément.

Je crois que ce roman est avant tout affaire de sentiments. J’ai vraiment aimé chaque personnage. Chacun à leur façon, ils sont très attachants et très touchants.

J’ai adoré l’écriture de Marie-Aude Murail. J’ai eu l’impression de converser avec elle. Elle est pleine d’admiration pour ses ancêtres. Elle n’hésite pas cependant à être ironique et à les taquiner. Elle peut être également très drôle et n’hésite jamais à se moquer d’elle même.

Une saga familiale comme je n’en avais jamais lu !

 

L’hiver du mécontentement,Thomas B. Reverdy

Pourquoi ce livre ?9782081421127

Il fait partie des livres que mon médiathécaire m’a prêté. Il est également en lice pour le Goncourt.

Résumé

L’Hiver du mécontentement, c’est ainsi que le journal le Sun qualifia l’hiver 1978-1979, où des grèves monstrueuses paralysèrent des mois durant la Grande-Bretagne. Voici venir l’hiver de notre mécontentement, ce sont aussi les premiers mots que prononce Richard III dans la pièce de Shakespeare. Ce personnage, la jeune Candice va le jouer, dans une mise en scène exclusivement féminine. Entre deux tournées à vélo pour livrer des courriers dans un Londres en proie au désordre, elle cherchera à comprendre qui est Richard III et le sens de sa conquête du pouvoir. Au théâtre Warehouse, lors d’une répétition, elle croisera une Margaret Thatcher encore méconnue venue prendre un cours de diction et déjà bien décidée à se hisser à la tête du pays. Elle fera aussi la rencontre de Jones, jeune musicien brutalement licencié et peu armé face aux changements qui s’annoncent.

Avis

Je n’ai pas du tout compris ce livre. Il y a quelque chose qui m’a échappé.

Ce roman n’a pas de véritable histoire. Candice n’est qu’un prétexte pour raconter un épisode de l’histoire du Royaume Uni. Je ne connais pas suffisamment cette période pour me rendre compte si elle est un symbole des jeunes de son temps. Elle est tellement indépendante, éprise de liberté et différente. J’imagine qu’elle représente une partie des jeunes anglais qui écoutaient du punk et souffraient de la crise. Mais la vie de cette Candice ne m’a pas du tout intéressée. Il n’y a aucun rebondissement. Elle témoigne de la crise mais n’est pas complètement touchée.

Le vrai personnage principal du roman est le Royaume Uni. Les grandes grèves, Margaret Thatcher, le monde du théâtre… Thomas Reverdy nous conte, sous forme de petites chroniques journalistiques, les événements qui ont secoué l’île dans les années 70. Ce n’est pas inintéressant mais ce n’est pas intéressant non plus. L’auteur n’a pas suffisamment approfondi le sujet pour que cela donne envie.

Du coup, je ne comprends pas du tout l’intention de ce roman : une histoire bâclée, un fond historique survolé…

Bref, je suis complètement passée à côté.

Leurs enfants après eux, Nicolas Mathieu

Pourquoi ce livre ? 9782330108717

Toujours dans mon exploration de la rentrée littéraire, j’ai longuement échangé avec le bibliothécaire de la bibliothèque que je fréquente. Ils ne m’a dit que du bien de ce livre. Mais problème, il est réservé et quasiment impossible à avoir avant longtemps. Du coup, il me l’a gentiment prêté avec deux autres, dont je parlerai plus tard.

Résumé

Août 1992. Une vallée perdue quelque part dans l’Est, des hauts-fourneaux qui ne brûlent plus, un lac, un après-midi de canicule. Anthony a quatorze ans, et avec son cousin, pour tuer l’ennui, il décide de voler un canoë et d’aller voir ce qui se passe de l’autre côté, sur la fameuse plage des culs-nus. Au bout, ce sera pour Anthony le premier amour, le premier été, celui qui décide de toute la suite. Ce sera le drame de la vie qui commence.

Avis

Nicolas Mathieu pose « sa caméra » à Heillange, une ville du Nord et n’en bouge plus pendant 8 ans. Plus que l’histoire de ses personnages, il nous conte l’histoire d’une région, d’une ville, d’un lac. Les protagonistes sont des personnages types qui nous aident à mieux appréhender la progression de la vie. Il dépeint avec un grand plaisir les années 90 qui finalement ressemblent beaucoup à aujourd’hui. A mon avis, les seules raisons pour lesquelles Nicolas Mathieu ait choisi ces années-là, c’est par nostalgie de sa jeunesse (on sent son plaisir dans l’écriture de cette époque), et surtout parce qu’elles sont synonymes de grands changements sociaux, et plus précisément dans cette région, la fermeture des usines et des hauts-fourneaux qui ont amené au chômage de masse. La région est meurtrie et ses habitants d’autant plus intéressants. Le récit est également très ancré dans le réel. Le récit semble vrai et aurait pu être vrai.

En choisissant de traiter un sujet sur 8 ans, et en prenant comme personnages principaux des jeunes gens, l’auteur écrit forcément un roman initiatique. Anthony, son cousin, Hacine, Stéphanie, etc, grandissent, mûrissent, évoluent chacun à leur façon. On s’attache à chaque personnage de ce roman. Il est bien compliqué de les juger. Ils font tous des choix qui leur paraissent justes ou ils subissent les choix que la vie leur impose. Il n’y a pas de bons ou de méchants. Il n’y a que des hommes et des femmes qui tentent de mener la meilleure des vies.

Le père d’Anthony m’a particulièrement touchée. C’est d’abord un homme violent, alcoolique, puis il devient sobre et adorable et enfin, il finit comme un moins que rien. La vie l’a-t-elle façonné ou n’est-ce qu’une question de choix ?

Hacine, un jeune de banlieue, mène une vie violente, rempli de révolte, de provocation et de drogue. Il évolue tout au long du roman. La même question nous tanne : la société est-elle coupable ? Prend-il ses propres décisions ?

Stéphanie grandit. Elle se sent devenir femme. Elle le voit dans les yeux des hommes de tous âges. Elle tombe amoureuse, parle des heures au téléphone avec sa meilleure amie, complexe sur son corps. Puis elle se prend en main, étudie. Elle ne souhaite qu’une chose, partir d’Heillange. Cette volonté est-elle une évolution dans sa vie ou une fuite ?

Chaque été, les personnages reviennent vers le lac d’Heillange. Ils y sont attirés comme des aimants. Leur passé, leur présent et leur avenir sont ancrés à ce lac. Sommes-nous prédestinés selon le lieu où nous naissons, selon les parents qui nous donnent la vie ? C’est le titre qui nous pose cette question.

Ce roman est triste. Infiniment triste ! Le peu de sursaut de bonheur qui anime les personnages est vite balayé. Bien sûr, certains ne s’en sortent pas si mal, mais je n’ai pas pu m’empêcher d’être triste. Mais j’ai aimé suivre tous les personnages, je me suis rongée les ongles pour eux, j’ai souri devant leurs bêtises, j’ai pleuré face à leurs peines.

Par contre, l’auteur abuse des cliffhangers. Les chapitres suivent souvent des personnages différents et du coup, les chapitres et les parties du livres, se finissent sur ces cliffhangers que je déteste. Devoir attendre plusieurs pages pour savoir ce qu’il va se passer m’a énervée.

Ce roman est toujours (à ce jour) dans la liste du Goncourt !

Là où les chiens aboient par la queue, Estelle-Sarah Bulle

Pourquoi ce livre ?CVT_La-ou-les-chiens-aboient-par-la-queue_8007

Je continue mon exploration littéraire avec un ouvrage qui me plaisait tout particulièrement. J’ai entendu la romancière parler à la radio et cela était si intéressant que je me suis empressée de me jeter sur ce livre !

Résumé

Dans la famille Ezéchiel, c’est Antoine qui mène le jeu. Avec son « nom de savane », choisi pour embrouiller les mauvais esprits, es croyances baroques et son sens aigu de l’indépendance, elle est la plus indomptable de la fratrie. Ni Lucinde ni petit frère ne sont jamais parvenus à lui tenir tête. Mais sa mémoire est comme une mine d’or. En jaillissent mille souvenirs-pépites que la nièce, une jeune femme née en banlieue parisienne et tiraillée par son identité métisse, recueille avidement. Au fil des conversations, Antoine fait revivre pour elle l’histoire familiale qui épouse celle de la Guadeloupe depuis les années 50 : l’enfance au fin fond de la campagne, les splendeurs et es taudis de Pointe-à-Pitre, le commerce en mer des Caraïbes, l’irruption du roi béton, la poésie piquante du créole, et l’inéluctable exil vers la Métropole…..

Avis

Quelle petite merveille ce livre ! Il fait partie de ces romans qui vous emmènent loin, très loin. En Guadeloupe bien sûr, mais aussi dans une autre époque. Un passé qui nous paraît si lointain (car tellement différent du notre), que l’on a l’impression de découvrir une autre vie.

Je suis très mécontente de la quatrième de couverture. Ce roman ne traite pas seulement d’Antoine mais d’une famille entière que l’on va d’abord rencontrer dans la campagne guadeloupéenne, puis que l’on va suivre dans les rues de Pointe à Pitre et enfin qui nous emmènera avec elle dans son exode vers la Métropole. C’est le parcours d’une fratrie plus que d’une personnalité qui nous ait conté.

Ils sont trois : deux sœurs, Antoine et Lucinde et un frère que tout le monde appelle « Petit Frère ». Ces trois-là ne peuvent pas être plus différents les uns que les autres ! Antoine la rebelle, Lucinde la jeune femme qui se rêve plus distinguée qu’elle n’est et « Petit frère » le plus équilibré des trois qui ne veut que vivre sa vie le plus tranquillement possible. Ce dernier n’est d’ailleurs pas connu sous son vrai nom. Ce détail est révélateur sur sa place dans la fratrie et ses relations avec ses sœurs. Ils sont cependant tous reliés par un drame : la mort prématurée de leur mère alors enceinte. Cette perte va être un véritable traumatisme et jouera profondément dans la destinée de cette fratrie. Tout comme la lourde personnalité de leur père, à la fois absent et trop présent. Antoine ne voudra jamais se lier avec un homme, accusant implicitement son père d’avoir tuer sa mère en la mettant enceinte contre l’avis médical. Lucinde essayera d’être à la hauteur de cette maman qu’elle idéalise au plus haut point. « Petit frère » ne cessera de tenter de retrouver le visage de celle qui lui a donné la vie mais pas assez d’amour. Tout au long du roman, les personnages principaux courent après le bonheur chacun à sa façon.

A travers ces trois personnages forts, nous découvrons la Guadeloupe des années 40 à 60. Et c’est en ça que je me suis sentie complètement dépaysée. L’île est un personnage à part entière. Elle est décrite sans tabou, dans sa beauté et sa laideur.

La fuite vers la Métropole n’est pas la partie que j’ai le plus aimé mais elle permet de mieux comprendre les antillais qui se sont installés en France : leur fuite que le manque de travail provoque, leurs souvenirs de la patrie qu’ils ont laissé, leurs regrets d’une île fantasmée, leurs bonheurs dans cette nouvelle vie.

Lisez ce roman que j’aime de plus en plus !

 

Frère d’âme, David Diop

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Je continue mon exploration de la rentrée littéraire.

Résumé

Un matin de la Grande Guerre, le capitaine Armand siffle l’attaque contre l’ennemi allemand. Les soldats s’élancent. Dans leurs rangs, Alfa Ndiaye et Mademba Diop, deux tirailleurs sénégalais parmi tous ceux qui se battent alors sous le drapeau français. Quelques mètres après avoir jailli de la tranchée, Mademba tombe, blessé à mort, sous les yeux d’Alfa, son ami d’enfance, son plus que frère. Alfa se retrouve seul dans la folie du grand massacre, sa raison s’enfuit. Lui, le paysan d’Afrique, va distribuer la mort sur cette terre sans nom. Détaché de tout, y compris de lui-même, il répand sa propre violence, sème l’effroi. Au point d’effrayer ses camarades. Son évacuation à l’Arrière est le prélude à une remémoration de son passé en Afrique, tout un monde à la fois perdu et ressuscité dont la convocation fait figure d’ultime et splendide résistance à la première boucherie de l’ère moderne.

Avis

J’étais très curieuse de découvrir ce roman dont on entend beaucoup de bien partout et qui est toujours en lice pour le Goncourt. Et pourtant, j’étais un peu réticente. J’ai commencé Les cigognes sont éternelles de Alain Mabanckou et je ne l’ai pas terminé. J’ai trouvé le phrasé de type « africain » trop lourd avec beaucoup trop de répétitions. La langue est chantante pourtant mais je n’ai pas aimé.

Le style m’a également déplu dans ce roman. Il y a vraiment trop de répétitions. Des répétitions syntaxiques mais aussi des répétitions dans l’histoire. Une même partie du récit peut nous être répétée trois, voire quatre fois ! Je n’adhère vraiment pas du tout à ce style d’écriture. Par contre, lorsque David Diop nous décrit la Première Guerre, les mots le servent. Elle nous est décrite à la fois dans toute son horreur (avec certains détails très gores) et à la fois dans une pudeur, voire une candeur magnifique.

Je ne suis pas du tout d’accord avec la quatrième de couverture qui nous décrit un homme qui perd la raison à la suite de la mort de son meilleur ami au combat. D’ailleurs lui-même ne cesse de le répéter : il commence enfin à penser par lui-même. On lui demande de faire le sauvage pour effrayer ses ennemis, alors il fera le sauvage ! Il n’a qu’une idée, c’est se venger. Peut-on parler de folie dans sa vengeance sanglante ? Je ne suis pas sûre. En tout cas, je ne l’ai pas perçu ainsi.

Le sort des tirailleurs sénégalais est magnifiquement décrit. Ces hommes « chocolat » (je cite le texte) à qui on demande de jouer au sauvage ont combattu comme n’importe quel homme dans les tranchées. Dans ce livre nous avons l’impression que leur présence était assez bien acceptée. Ils semblent se dire qu’ils sont tous dans la même galère. Finalement, seul le personnage du capitaine est extrêmement négatif. Cet homme qui ne songe qu’à envoyer ses hommes à une mort certaine est froid. Le personnage principal le décrit même comme amoureux de la guerre.

Mais ce texte est profondément triste. Il traite avant tout de la perte d’un être cher et de la culpabilité de rester en vie après lui. Finalement, la guerre n’est qu’un prétexte pour traiter de ce terrible sujet.

Seule la fin m’a déçue. Elle semble bâclée. Elle tombe dans le fantastique alors que le récit en est totalement exclu. A moins, que le personnage soit vraiment devenu fou… Au lecteur de juger.

Ça raconte Sarah, Pauline Delabroy-Allard

Pourquoi ce livre ?livre_moyen_9782707344755

L’auteur était à l’IUFM avec mon conjoint. Je l’ai rencontrée une fois autour d’un cupcake. J’ai donc été très curieuse de voir ce que son livre pouvait donner.

Résumé

Ça raconte Sarah, sa beauté mystérieuse, son nez cassant de doux rapace, ses yeux comme des cailloux, verts, mais non, pas verts, ses yeux d’une couleur insolite, ses yeux de serpent aux paupières tombantes. Ça raconte Sarah la fougue, Sarah la passion, Sarah le soufre, ça raconte le moment précis où l’allumette craque, le moment précis où le bout de bois devient feu, où l’étincelle illumine la nuit, où du néant jaillit la brûlure. Ce moment précis et minuscule, un basculement d’une seconde à peine. Ça raconte Sarah, de symbole : S.

Avis

Avec cette lecture, je me suis rendu compte que je déteste les livres sur la passion amoureuse d’aujourd’hui. La passion interdite est magnifique. La passion partagée est magnifique. Mais la passion à base de « je t’aime mais je t’aime plus, puis je te re-aime et finalement je t’aime trop alors je te quitte », non merci. C’est exactement ce qui se passe dans ce livre. Le souci n’est pas du tout dans le fait que deux femmes s’aiment. Il est dans le fait qu’elles s’aiment trop fort (si on part de l’idée que s’aimer trop fort est un souci, ce qui n’est pas mon cas). La passion oui mais je ne supporte pas lorsqu’elle est contrariée alors que tout pourrait bien se passer. Du coup, le livre a sonné faux. Je n’ai cessé de me dire : « Arrêtez vos histoires et aimez-vous ! ».

Les personnages sont flous, jamais vraiment décris. J’ai détesté la protagoniste. Et là, c’est mon cœur de maman qui parle. La passion prend le dessus sur tout le reste, y compris sa fille qu’elle ne cesse d’appeler « l’enfant ». Je l’ai trouvée fade, même dans sa passion qui est censée l’animer. Le personnage de Sarah est tout le contraire, trop exubérant, trop passionné. C’est bien sûr fait exprès mais c’était trop. J’ai cependant été surprise car le cancer de Sarah n’est pas du tout au centre du roman, contrairement à ce que j’ai entendu dire. L’auteur n’a pas sombré dans la facilité. Elle souhaitait traiter de leur passion et non de leur réaction face à la maladie.

La deuxième partie dans les rues de Trieste m’a semblé longue. Elle n’était que répétition. Le même quotidien, les mêmes pensées, et ce sur une trentaine de pages. J’ai bien compris ce que l’auteur a voulu souligner mais elle le fait trop lourdement. Seule la fin inattendue m’a émue.

Le style d’écriture de ce roman est souvent mis en exergue. Il est vrai que Pauline Delabroy-Allard écrit magistralement bien. C’est d’ailleurs ce qui a sauvé ma lecture.