Trembler te va si bien, Wataya Risa

91169466Pourquoi ce livre ?

J’ai reçu ce livre à Noël. On était sûr de me faire plaisir car j’aime beaucoup cette auteure. En effet, j’ai déjà lu d’elle ses deux premiers livres Install et Appel du pied qui tous deux avaient été primés au Japon. J’ai particulièrement aimé Appel du pied qui m’avait impressionné par sa maturité. C’est donc avec plaisir que je me suis lancée dans ce court roman.

Résumé

Une jeune femme, Etô Yoshika, vit à Tokyo et travaille dans une grande entreprise comme comptable. Elle rencontre un jeune homme « Ni ». Il tombe fou amoureux d’elle. Oui mais son cœur appartient déjà à « Ichi » et ce, depuis le collège.

Avis

Ce livre est une grande déception pour moi. La narratrice m’a particulièrement énervée tant elle est niaise. J’ai beaucoup de mal avec les personnages principaux qui se regardent le nombril et se posent des questions sans intérêt. Pas de bol, ce roman se résume à cela.

Le roman est très lent. Il y a très peu de rebondissements. On s’ennuie ! Je dirais même que l’histoire est très convenue : elle hésite entre deux hommes, ce qui la bouleverse profondément. Seule la fin sauve un peu ce roman. J’avoue avoir été un peu surprise.

Le personnage d’Etô est quand même intéressant et ses questions existentielles parleront sûrement à plein de jeunes filles. Je pense que le problème de ce personnage n’est pas tant son hésitation entre deux hommes, son problème réside dans le fantasme qu’elle s’est construit sur la personne de « Ichi ». En effet, elle est amoureuse d’un homme qu’elle ne connait pas et qu’elle a fini par imaginer. Même lorsqu’ils étaient au collège dans la même classe, elle ne lui a jamais parlé. Ce fantasme est par conséquent impossible à réaliser mais aussi à surpasser. Aucun homme ne pourra rivaliser avec cet « Ichi » imaginaire. Quant à « Ni »,  il ne comprend pas qu’Etô le repousse. Il représente le macho japonais à l’état pur. Heureusement, le personnage n’est pas trop caricatural puisque finalement, il va se révéler plus complexe que ça. On comprend cependant que « Ni » ne soit pas le prince charmant tant la narratrice nous le dépeint sous un aspect très négatif.

Seul intérêt à ce roman : la culture japonaise est très bien retranscrite ici. On voit la pression que ressentent les jeunes femmes japonaises dans une société qui reste traditionnelle. Elles doivent être parfaites : assurer au travail tout en cherchant un mari dans l’espoir de se marier et de fonder une famille. Une fois leur famille fondée, elles doivent arrêter de travailler pour se consacrer à leur foyer. Le monde du travail est également évoqué. Etô Yoshika travaille dans une grande compagnie. A travers elle, on comprend la pression exercée sur les employés de bureau japonais. Il faut être efficace et travailler dur. Les hommes, eux, doivent en plus être totalement dévoués à leur travail. La narratrice ne souhaite pas s’arrêter de travailler mais elle fait une sorte de burn out. Elle nous explique alors qu’elle ne peut pas prendre ses vacances car, dans l’entreprise, personne ne les prend entièrement.
Les relations entre japonais (qu’ils soient amis, amoureux ou patrons et employés) sont également bien retranscrites.

Pour ceux qui parlent un peu japonais, le livre est truffé de jeux de mots pas du tout repris dans la traduction. Je ne comprend pas que le traducteur soit passé à côté. Par exemple, les deux amoureux « Ichi » et « Ni ». Certes ces deux noms sont les diminutifs de leur prénom, mais ils ont une signification en japonais : « un » et « deux ». Le fait que la narratrice appelle ses amoureux un et deux me semble très significatif. Elle les déshumanise. Seul ne compte que leur rôle auprès d’elle. Du coup, j’ai l’impression que le roman a beaucoup perdu en profondeur. D’habitude, je ne remarque jamais les erreurs de traduction, alors le remarquer là est très mauvais signe…

Une belle déception donc. Mais je continuerais de suivre cette auteure en espérant que ces autres romans soient meilleurs.

Extraits

Pourquoi faut-il que je perde une chose pour m’apercevoir de son importance ? D’ailleurs je ne la possédais même pas vraiment. Dans ma tête Ni était à moi, mais au moment de mourir, chacun meurt seul sans rien emporter avec lui.
Tout compte fait, un être humain ne possède rien totalement. Alors de quel droit me croyais-je assurée de l’amour de Ni et pouvais-je me reposer sur l’idée qu’il me poursuivrait pour l’éternité ?

 

Défi livresque d’avril de Pocket jeunesse :
13) Lire un livre qui a un visage sur la couverture.

 

Emily

 

 

Petites coupures à Shioguni, de Florent Chavouet

Couv_231294Pourquoi ce livre ?

J’ai découvert les BD de Florent Chavouet pendant mes études de japonais. En effet, il semble passionné par ce pays et ses BD sont souvent le récit de ses aventures au Japon. La première que j’ai lu de lui fut Manabe Shima. Il y décrit son séjour dans une des îles de l’archipel japonais. La deuxième, Tokyo Sampo fut un cadeau de mon fiancé. L’auteur nous y décrit ses pérégrinations dans Tokyo. J’étais très curieuse de lire cette nouvelle BD qui a obtenu le Fauve Polar SNCF au Festival d’Angoulême de cette année.

Résumé

Florent Chavouet nous fait vivre une nuit dans les bas fonds d’une ville japonaise. Un détective privé enquête. Que s’est-il passé ce soir là ? Pourquoi trois hommes poursuivent-ils une jeune fille ? Le cuisinier a-t-il eu raison de se mêler de cette affaire ? La jeune fille est-elle vraiment ce qu’elle prétend être ?

Avis

Par rapport aux deux autres BD que j’ai lu de Florent Chavouet, celle-ci est complètement PlancheS_45352différente. Dans les autres, il n’y avait pas vraiment d’histoire. C’était juste une succession de dessins, une sorte de carnet de voyage où l’auteur par le dessin, nous faisait part de ses observations. Ici, Florent Chavouet nous livre une enquête policière. Une enquête qu’il situe une fois encore au Japon. Moi qui suis une amoureuse de ce pays, je me suis régalée avec tous les détails culturels (les distributeurs, les petits restaurants…).

L’histoire est construite et aboutie. Elle est répétée plusieurs fois, sous divers points de vue. L’auteur nous permet une meilleure compréhension de ce qui s’est passé cette nuit là puisqu’il nous permet de suivre chacun des protagonistes. L’histoire est beaucoup plus complexe que ce qui apparaît dans les premières pages. Les méchants sont-ils vraiment des méchants ? De même pour les gentils.

Malheureusement, ces changements rapides de points de vue m’ont complètement perdue… Je ne suis pas sure d’avoir tout compris. Au final, je ne sais pas trop si l’héroïne est la victime ou une coupable… Je n’ai également pas compris l’utilité de certains personnages (par exemple, les employés des distributeurs automatiques). Cette lecture me laisse une impression de confusion désagréable.

Par contre, le dessin est juste magnifique ! Comme à son habitude, Florent Chavouet dessine aux crayonPlancheA_231294s de couleurs. Son dessin est à la fois précis et caricatural. Il a  sa manière à lui de faire naître la perspective ou les volumes.
J’apprécie également le fait que sa BD soit d’une forme originale. Ici pas de bulle, pas de planche traditionnelle à la Tintin. Ce sont les planches qui doivent s’adapter aux dessins et non l’inverse. L’utilisation des couleurs est également remarquable. Parfois vives pour décrire une situation animée, parfois claires dans les moments plus calmes. Tout cela est parfaitement maîtrisé.

Un avis assez mitigé pour cette BD, mais cela ne m’empêchera pas de suivre cet auteur.

Emily

Ecoute le chant du vent suivi de Flipper, 1973 de Murakami Haruki

9782714460691Pourquoi ce livre ?

Il y a 9 ans, mon beau père, très grand lecteur, m’a offert un livre : La ballade de l’impossible d’un auteur qui m’était totalement inconnu, un certain Murakami Haruki. Je l’ai lu et ce fut pour moi la révélation. Quel livre magnifique ! A la fois poétique et grave. Le sujet de deux jeunes gens en quête d’eux-mêmes m’a particulièrement émue et touchée. Ce livre est devenu mon préféré. Du coup, je me suis passionnée pour cet auteur. J’ai pratiquement tout lu de lui. Je collectionne même ses livres en version broché.

Haruki Murakami écrit aussi bien des romans que des nouvelles, aussi bien du réaliste que du fantastique. Son roman le plus connu en France est Kafka sur le rivage qui est dans la veine du fantastique. Moi personnellement, je le trouve meilleur dans les romans réalistes. J’aime beaucoup son style d’écriture léger et très poétique et les thèmes qu’il aborde. Ce sont le plus souvent des thèmes existentiels tel que la solitude, la sociabilité ou encore l’acceptation de soit. Aujourd’hui, il est l’un des auteurs japonais les plus connus dans le monde. Il est régulièrement nommé pour le prix Nobel.

Écoute le chant du vent suivi de Flipper, 1973 sont ses deux premiers romans réunis en un livre. Le prologue est très intéressant. Murakami nous conte ses débuts d’écrivain et nous livre ses réflexions autour de l’acte d’écrire.

« J’écrivais toujours sur la table de la cuisine, tard dans la nuit, jusqu’au petit matin. C’est la raison pour laquelle je nomme ces deux romans « écrits sur la table de la cuisine ». Avec beaucoup d’amour et une certaine gêne…
Pour rien au monde je ne voudrais les changer. Un peu comme de très vieux amis. Peut-être que je ne les rencontrerai plus, que je ne leur parlerai plus, mais il est certain que jamais je ne les oublierai. Ils sont précieux pour moi, irremplaçables. Ils m’encouragent, me réchauffent le cœur. »

Résumé

Ce livre est très dur à résumer car on ne peut pas dire qu’il y ai vraiment une histoire telle que le terme classique l’entend. En tout cas, les deux romans se suivent. Dans le premier roman, un jeune homme revient chez lui pour les vacances. Chez lui, c’est une petite ville de province japonaise. Il y retrouve son ami de lycée que l’on surnomme « le rat ». Il va alors passer son temps entre beuveries avec son ami chez le chinois J. et une jeune fille énigmatique. Le second roman se passe plusieurs années plus tard. Le narrateur est devenu traducteur à Tokyo, « le rat » n’a pas quitté sa ville de province. Tous deux sont occupés par leurs aventures sentimentales et par leur quotidien .

Avis

Ces romans font partie de la veine réaliste de l’auteur. Mais, ce n’est pas tant l’histoire qui nous intéresse. Ce sont d’abord les souvenirs évoqués par les deux garçons / hommes. Souvenirs tantôt drôles (comme l’histoire de leur rencontre), tantôt mélancoliques, tantôt désabusés. Puis, comme dans tous les Murakami, on retrouve des questions existentielles voire même métaphysiques.

C’est un roman que j’ai beaucoup aimé mais que je ne vois pas comment critiquer. Ici, ce sont avant tout l’atmosphère mélancolique et l’écriture de l’auteur qui m’ont touchées.

Malgré mon énorme plaisir, je ne recommande pas de commencer par ce livre si vous n’avez jamais lu du Murakami. Si vous aimez comme moi follement cet auteur, lancez-vous !

Extrait :

« Les choses que l’on peut perdre un jour ne sont pas importantes. L’éclat de ce qui est éphémère n’est pas un véritable éclat. »

Emily