Etre professeur documentaliste : semaine 25

Lundi 25 mars

  • Les quatrièmes sont passés à l’oral dans le cadre de notre cours sur la critique de la publicité. Ils sont se bien investis et leurs oraux étaient très bons !
  • J’ai donné le dernier cours sur « internet, droits et devoirs » aux sixièmes. » J’ai eu beaucoup de questions sur le droit avec Youtube alors que je n’y connaît rien du tout. Il va falloir que je me renseigne.
  • J’ai travaillé sur le club lecture. Je corrige les abécédaires en vu de les publier en Calaméo sur le blog de l’ENT.
    • J’ai accueilli 152 élèves.

Mardi 26 mars

  • Nous avons fini les oraux des quatrièmes.
  • J’ai énormément travaillé sur les calaméo de mon club lecture.
  • J’ai assisté à une réunion avec la DRAC, le théâtre de Chelles et le metteur en scène pour notre projet théâtre avec les cinquièmes.
    • J’ai accueilli 145 élèves.

Jeudi 28 mars

  • J’ai co-animé deux séances de théâtre. Nous commençons à voir d’énormes écarts entre les groupes. Je me demande vraiment si certains vont bien être prêts pour le jour J.
  • J’ai donné un cours sur les exposés à un groupe de sixième. Ils continuent leurs exposés en autonomie grâce à la feuille de route. Certains groupes sont très pénibles mais tant pis, ils auront une mauvaise note. J’en ai marre de leur répéter de se taire et de travailler.
  • J’ai animé une séance du club lecture. On a travaillé sur des bandes annonces de livres et du booktube.
  • J’ai travaillé sur le fonds fiction.
    • J’ai accueilli 162 élèves.

Vendredi 29 mars

  • J’ai bulletiné et dépouillé des périodiques.
  • J’ai accompagné les troisièmes du projet BD à la médiathèque où les médiathécaires du projet nous ont présenté une exposition sur les BD autobiographiques.
  • J’ai mis en ligne les abécédaires des mes élèves du club lecture.
    • J’ai accueilli 136 élèves.

Gueule de truie, Justine Niogret

« L’enfant se hait d’avoir peur, et il se méprise de le comprendre. Savoir, c’est le travail des Pères. Parce que réfléchir, tenir palabre en soi-même, c’est échanger des pensées, et qu’il n’y a personne avec qui le faire dans l’intérieur de sa tête, sauf le Démon, qui y vit tapi comme une bête. Parler avec le Démon, seuls les Pères sont assez puissants et sages pour le faire. L’enfant n’a pas envie de s’y risquer. Il sait déjà qu’il ne survivrait pas à la langue du diable ; il se perdrait sûrement. Il n’est pas un Père, il ne le sera jamais. On lui a dit. On ne l’éduque pas dans ce sens. Il suit l’enseignement, d’où les armes, les questions et la loi chaque matin ; et s’il réussit, il sera une Cavale. Les Cavales sont les mains de l’Église, et elles n’ont pas peur, parce que la main ne redoute pas de plonger dans le feu si elle doit en retirer un objet précieux pour l’âme. La main n’a pas peur de saigner si le corps doit survivre. »

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Pourquoi ce livre ?

Gueule de truie est le troisième roman de Justine Niogret.  Chien du heaume, son premier ouvrage (présenté comme de la fantasy mais n’ayant pratiquement aucun des éléments constitutifs du genre) se déroule dans un Moyen-âge violent et âpre. La langue moyenâgeuse utilisée par l’auteure et le personnage féminin en quête de son identité m’avaient notamment fait forte impression. Après une suite, Mordre le bouclier, Justine Niogret a sorti Gueule de truie, au sujet radicalement différent de ses deux prédécesseurs. Comment allait-elle s’en sortir après deux excellents écrits marqué à la fois par la thématique et l’écriture ? Pour y répondre, je me suis plongé avec impatience  dans sa lecture.

Résumé

Il s’appelle Gueule de truie.
L’enfant est devenu Gueule de truie lors de sa seconde naissance, lorsqu’il est devenu Cavale. Aux ordres des Pères, il a pour mission de détruire les dernières traces de vie restantes afin d’exterminer l’humanité. Car l’Apocalypse a eu lieu, emportant le monde du passé et ne laissant qu’un monde pourrissant et des survivants à la morale rongée. Dans cet univers glauque au quotidien violent, Gueule de truie rencontre un jour la fille. Quasi mutique, emportant un boîte en métal mystérieuse, elle semble avoir une quête, un but. Il va décider de lier son destin à cette fille et de l’aider à atteindre son objectif.

Avis

C’est donc un roman post apocalyptique auquel nous avons à faire. Nous ne connaissons ni le lieu ni l’époque, si ce n’est que le drame qui a changé la face du monde s’est produit il y a des dizaines d’années. Certains termes nous rappellent ce moment révolu. En effet, les personnages ont digéré des mots ou expressions datant d’avant l’apocalypse. Le Flache, le papépeint ou les jingoules en sont quelques exemples. Dans ce monde détruit et malade, nous faisons la connaissance au tout début du livre d’un enfant, « l’enfant », soumis à un conditionnement intense de la part de l’Église. Afin de devenir une arme au service des Pères, il est emmené à ne plus penser, à refouler toute émotion en vue de sa mission divine. Avec le masque qui lui a été donné lors de son adoubement, de son passage à l’âge adulte, lui vient également le nom de Gueule de truie. A la tête des Troupes, il extermine les humains regroupés dans les caves, les camps en forêt ou les immeubles à l’abandon avec distance et professionnalisme. Cette noirceur extrême du propos est parfaitement rendue par l’auteure. Le texte est écrit à la première personne. Nous avons donc le point de vue de Gueule de truie. Nous arrivons à comprendre son cheminement intérieur, fait d’obéissance et d’auto persuasion.
Par la suite, nous suivons également « la fille ». Solitaire, elle nous montre le monde tel qu’il peut être perçu par les survivants. Nous voyons l’histoire alternativement à travers la vision de Gueule de truie et de la fille. La boîte que transporte cette dernière semble être la réponse. Mais la réponse à quoi ?

Gueule de truie est un roman court, 254 pages. La première partie, concernant l’enfance de Gueule de truie est à mon avis extrêmement réjouissante. Elle nous donne à lire un texte nerveux, une introduction à l’univers de l’ouvrage réussie avec des thématiques proposées (religion, endoctrinement, violence) cohérentes. La suite est malheureusement plus laborieuse à la lecture.

Les personnages sont bien posés et sans avoir de sympathie particulière pour Gueule de truie, on se met à comprendre pourquoi et comment il en est venu à devenir le tueur impitoyable présenté. L’introspection constante que l’on peut lire nous montre un homme tiraillé entre sa bestialité et la découverte de sa propre humanité.
La religion est d’emblée le point central de l’œuvre. Mais elle s’estompe jusqu’à ne plus être qu’un lointain élément du récit et à même disparaître au fil de l’histoire. Au fur et à mesure de leur voyage, tout s’efface et il ne reste que les deux personnages et leur but. La quatrième de couverture évoque La route de McCarthy. C’est une comparaison hasardeuse. Hormis le côté post apocalyptique, les représentations et la façon de présenter le récit divergent totalement. Vers la moitié du roman, Gueule de truie se charge de nombreux symboles, d’un onirisme poussé à l’extrême. Dans un sens, il m’a fait penser à la dernière saison de la série Hannibal, trop obscure et ésotérique à mon goût.

En amateur de romans post apocalyptiques (McCarthy, Wyndham, Matheson, Ballard,…) et de romans noirs et sordides (Piccirilli ou Di Rollo par exemple), je suis resté sur ma faim. Si les premières 50 pages ont su titiller ma curiosité, une bonne partie du reste de l’ouvrage m’a laissé de marbre, hermétique au discours de l’auteure.

Gueule de truie, Justine Niogret. Editions Critic (254 pages).

 

Musas

 

L’indivision de Springer et Zidrou

9782754810036_1_75_1Pourquoi ce livre ?

En me baladant sur les blogs de lecture que je suis, je suis tombée sur un article au sujet de cette BD. Malheureusement, je ne me souviens pas de quel blog il s’agit. Si vous vous reconnaissez, n’hésitez pas à mettre le lien en commentaire ! La critique du blogueur était plutôt élogieuse. Du coup, quand je l’ai vu à la médiathèque je l’ai pris.

Résumé

Un frère et une sœur cachent un lourd secret. Ils sont amoureux depuis leur adolescence. Ils se voient régulièrement au détriment du mari de la sœur. Mais, depuis la mort de leur père, ils se disputent au sujet de la maison de leur enfance. Elle veut la vendre et lui la garder.

Avis

Le sujet de cette BD est lourd, très lourd (même si c’est un peu la mode depuis Game of Thrones). Un frère et une sœur s’aiment, se désirent et cèdent à cette pulsion. Au début de la BD, on comprend qu’ils ont déjà essayé de mettre un terme à cette relation. La sœur est mariée et a deux enfants (dont un garçon qui ressemble étrangement au frère…), le frère s’est exilé de longues années loin de la France. Cependant, on comprend très vite que cette relation a repris à son retour.

Mais depuis la mort de leur père, cela ne semble plus aller. La sœur veut vendre la maison, 9782754810036_p_3le frère veut la garder. Leur relation y a débuté, y a grandit, s’y est épanouit. Elle est la gardienne de leur secret. La maison devient le symbole de leur amour. La sœur veut se débarrasser de cet amour, le frère veut continuer.

La sœur est beaucoup plus raisonnable que son frère et semble vouloir à tout prix arrêter leur relation. Même si ce n’est jamais dit explicitement dans la BD, je pense qu’elle aime son mari. Elle souhaite simplement mettre fin à cette relation extra-conjugale qui l’oblige à mentir. La vente de la maison semble être une obsession. Elle souhaite rejeter toutes les marques de cet amour interdit. Cependant, le désir pour son frère est fort. Elle a beaucoup de mal à ne pas y succomber. Il lui faut beaucoup de force pour lui dire non.

Le frère est complètement fou de sa sœur. Il l’aime d’un amour démesuré et la désire profondément. Il refuse de vendre la maison car il refuse d’oublier cet amour. Il n’a de cesse durant toute la BD de reconquérir sa sœur. Il ne veut et ne peut se résoudre à abandonner. On sent que d’être séparé d’elle le plonge dans une grande détresse.

PlancheS_48340Durant tout l’album on est partagé entre le dégoût de la situation, l’inceste entre un frère et une sœur, et l’empathie que l’on ressent à la fois pour elle qui se démène pour retourner à une vie plus normale et pour lui qui est désespérément amoureux. Au final, on ne les juge pas. Et je pense que c’est exactement ce que voulaient les auteurs. Le tabou de l’inceste n’est pas vraiment évoqué. Ce n’est pas ce qui les dérange dans cette relation. C’est avant tout une histoire d’amour contrariée. De ce fait, l’histoire est racontée de façon très subtile et c’est justement ce que j’ai apprécié dans cette BD.

Par contre, comme pour la BD Quatre sœurs, je n’ai pas du tout été sensible aux dessins. Je les ai encore une fois trouvés trop grossiers, trop brouillons. Par contre, les paysages sont magnifiques !

N’hésitez pas à la lire pour vous faire une idée !

Emily