Leurs enfants après eux, Nicolas Mathieu

Pourquoi ce livre ? 9782330108717

Toujours dans mon exploration de la rentrée littéraire, j’ai longuement échangé avec le bibliothécaire de la bibliothèque que je fréquente. Ils ne m’a dit que du bien de ce livre. Mais problème, il est réservé et quasiment impossible à avoir avant longtemps. Du coup, il me l’a gentiment prêté avec deux autres, dont je parlerai plus tard.

Résumé

Août 1992. Une vallée perdue quelque part dans l’Est, des hauts-fourneaux qui ne brûlent plus, un lac, un après-midi de canicule. Anthony a quatorze ans, et avec son cousin, pour tuer l’ennui, il décide de voler un canoë et d’aller voir ce qui se passe de l’autre côté, sur la fameuse plage des culs-nus. Au bout, ce sera pour Anthony le premier amour, le premier été, celui qui décide de toute la suite. Ce sera le drame de la vie qui commence.

Avis

Nicolas Mathieu pose « sa caméra » à Heillange, une ville du Nord et n’en bouge plus pendant 8 ans. Plus que l’histoire de ses personnages, il nous conte l’histoire d’une région, d’une ville, d’un lac. Les protagonistes sont des personnages types qui nous aident à mieux appréhender la progression de la vie. Il dépeint avec un grand plaisir les années 90 qui finalement ressemblent beaucoup à aujourd’hui. A mon avis, les seules raisons pour lesquelles Nicolas Mathieu ait choisi ces années-là, c’est par nostalgie de sa jeunesse (on sent son plaisir dans l’écriture de cette époque), et surtout parce qu’elles sont synonymes de grands changements sociaux, et plus précisément dans cette région, la fermeture des usines et des hauts-fourneaux qui ont amené au chômage de masse. La région est meurtrie et ses habitants d’autant plus intéressants. Le récit est également très ancré dans le réel. Le récit semble vrai et aurait pu être vrai.

En choisissant de traiter un sujet sur 8 ans, et en prenant comme personnages principaux des jeunes gens, l’auteur écrit forcément un roman initiatique. Anthony, son cousin, Hacine, Stéphanie, etc, grandissent, mûrissent, évoluent chacun à leur façon. On s’attache à chaque personnage de ce roman. Il est bien compliqué de les juger. Ils font tous des choix qui leur paraissent justes ou ils subissent les choix que la vie leur impose. Il n’y a pas de bons ou de méchants. Il n’y a que des hommes et des femmes qui tentent de mener la meilleure des vies.

Le père d’Anthony m’a particulièrement touchée. C’est d’abord un homme violent, alcoolique, puis il devient sobre et adorable et enfin, il finit comme un moins que rien. La vie l’a-t-elle façonné ou n’est-ce qu’une question de choix ?

Hacine, un jeune de banlieue, mène une vie violente, rempli de révolte, de provocation et de drogue. Il évolue tout au long du roman. La même question nous tanne : la société est-elle coupable ? Prend-il ses propres décisions ?

Stéphanie grandit. Elle se sent devenir femme. Elle le voit dans les yeux des hommes de tous âges. Elle tombe amoureuse, parle des heures au téléphone avec sa meilleure amie, complexe sur son corps. Puis elle se prend en main, étudie. Elle ne souhaite qu’une chose, partir d’Heillange. Cette volonté est-elle une évolution dans sa vie ou une fuite ?

Chaque été, les personnages reviennent vers le lac d’Heillange. Ils y sont attirés comme des aimants. Leur passé, leur présent et leur avenir sont ancrés à ce lac. Sommes-nous prédestinés selon le lieu où nous naissons, selon les parents qui nous donnent la vie ? C’est le titre qui nous pose cette question.

Ce roman est triste. Infiniment triste ! Le peu de sursaut de bonheur qui anime les personnages est vite balayé. Bien sûr, certains ne s’en sortent pas si mal, mais je n’ai pas pu m’empêcher d’être triste. Mais j’ai aimé suivre tous les personnages, je me suis rongée les ongles pour eux, j’ai souri devant leurs bêtises, j’ai pleuré face à leurs peines.

Par contre, l’auteur abuse des cliffhangers. Les chapitres suivent souvent des personnages différents et du coup, les chapitres et les parties du livres, se finissent sur ces cliffhangers que je déteste. Devoir attendre plusieurs pages pour savoir ce qu’il va se passer m’a énervée.

Ce roman est toujours (à ce jour) dans la liste du Goncourt !

Une réflexion sur “Leurs enfants après eux, Nicolas Mathieu

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