Entrez dans la danse, Jean Teulé

Pourquoi ce livre ? 77182594_14923921

En juin dernier, c’était le brevet. Contrairement à ce qu’a demandé la principale adjointe (bouh c’est pas bien !) je n’avais pas l’intention de passer deux heures à regarder les élèves tenter d’écrire quelque chose de potable sur leur copie. Je suis donc partie à la recherche de livres courts à lire. La réputation de Jean Teulé n’est plus à faire. Je n’avais pourtant jamais lu de livre de lui.

Résumé

Une étrange épidémie a eu lieu dernièrement
Et s’est répandue dans Strasbourg
De telle sorte que, dans leur folie,
Beaucoup se mirent à danser
Et ne cessèrent jour et nuit, pendant deux mois
Sans interruption,
Jusqu’à tomber inconscients.
Beaucoup sont morts.

Avis

Je suis très mitigée sur ce roman. Je n’arrive pas à savoir si j’ai bien aimé ou pas. Quand il est sorti, j’ai lu une critique qui m’a fait beaucoup rire : « finalement, il ne se passe rien dans ce roman. Les protagonistes dansent ! » C’est tout à fait ça, mais bien sûr, c’est un peu plus complexe.

L’auteur s’est inspiré d’un fait divers qui s’est déroulé au XVIe siècle à Strasbourg. Des hommes et des femmes se sont mis à danser sans aucune explication. Jean Teulé leur a donné une histoire.

Ce qui frappe dans ce roman c’est l’univers que l’auteur nous restitue. L’Alsace du XVIe siècle est loin de l’image d’Epinal que nous nous faisons de la fin de la Renaissance. On est loin du faste de la Cour de France, du raffinement de l’art italien. Le livre commence sur la famine qui frappe la région Est. Nous croisons deux couples. Chez le premier, la femme vient de tuer son bébé en le jetant d’un pont. Chez le deuxième, les jeunes parents viennent de manger leur fille. Cette entrée en matière donne le ton ! La première mère se met à danser. Elle ne peut plus s’arrêter et ne peut même pas s’expliquer. Elle ne parle pas. Elle semble être entrée dans un autre monde. Petit à petit, de nombreux habitants la rejoignent. Tout le monde danse sans fin.

Jean Teulé semble chercher des raisons à cette hystérie collective. Ce peuple qu’il nous décrit est un peuple pauvre, qui tente de survivre tant bien que mal. L’auteur insiste lourdement sur ce point en mettant en exergue le gouverneur de la ville qui vit dans l’opulence alors que tout le monde meurt de famine. Le malheur touche souvent les plus pauvres. Ils deviennent fou de ne plus manger.

Impossible de s’attacher aux personnages de cette histoire. Nous passons d’un point de vue à un autre très rapidement. J’aurais vraiment aimé que le récit se pose sur un personnage. Je n’ai pas réussit à compatir avec ces gens.

Même si je sais bien que le passé n’est pas tout beau, tout rose, je n’ai pas aimé les nombreux détails scabreux qui jalonnent le récit. Je ne comprends pas leur utilité dans le récit.

Par contre, l’auteur nous montre toute l’horreur d’une époque : les plus puissants jouissent de la vie et de leur fortune, le clergé monnaie l’accession au paradis. Jean Teulé met en évidence l’insupportable hypocrisie du système clérical. Il est difficile d’imaginer cela aujourd’hui.

Le style de Jean Teulé est intéressant. Il est concis et direct. Il aime les descriptions et je trouve qu’il en a vraiment abusé. A longueur de pages, il nous commente la danse, la danse et encore la danse…

Ce n’est surement pas un roman dont on se souviendra longtemps.

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