Zelda la rouge, de Martine Pouchain

93514918_oPourquoi ce livre ?

Depuis deux ans, je participe aux comités de sélection du prix des Incorruptibles. Pour ma première participation l’année dernière, je m’étais inscrite au niveau 3e-2nde en me disant que les livres seraient surement plus intéressants. Ils l’étaient assurément mais je n’avais pas imaginé qu’il faudrait lire trente romans (souvent des pavés) en cinq mois. Je n’ai donc pas eu le temps de tout lire, même si j’ai fini avec le score honorable de vingt-cinq livres. Zelda la rouge faisait partie des cinq que je n’avais pas lu. Pas de chance pour moi car il a été sélectionné dans les cinq retenus.

Résumé

Zelda est une adolescente de seize ans. A l’âge de dix ans, elle a été percutée par une voiture. Le chauffeur s’est enfuit en laissant Zelda étendue sur la chaussée. Depuis, elle est paraplégique.
Julie est la sœur de Zelda. Elle a une vingtaine d’année. Depuis l’accident elle est obsédée par l’idée de retrouver le chauffard et de venger sa sœur.
Les deux jeunes filles partagent leur quotidien chaotique mais joyeux avec deux co-locataires : Jojo et Kathy. Un jour, Baptiste un étrange jeune homme entre dans leur vie.
Avis

Ce roman est très fort en émotion par le thème qu’il aborde : le handicap chez une jeune fille. Il est d’ailleurs évoqué très crument par Zelda elle-même (sonde urinaire, escarres…). Cela sensibilise encore plus à la paraplégie. A travers Zelda c’est le quotidien des handicapés que l’on découvre. Mais d’autres thèmes sont également évoqués dans ce livre. Tout d’abord l’adolescence. En effet, bien qu’handicapée, Zelda est avant tout une jeune lycéenne pleine de rêves avec des problèmes d’adolescente (l’amour, les études, l’avenir…).
L’auteur évoque également l’abandon et la mort. Cette dernière semble poursuivre les deux sœurs. Elle a plané au-dessus de Zelda lors de son accident, elle leur a pris leur grand-mère, leur voisin devenu un grand-père de substitution et enfin, leur mère s’est suicidée. Difficile après tous ces malheurs de ne pas être morose comme l’est Julie.
Enfin, l’auteur évoque le thème de la galère et de la solidarité. Toute la maisonnée survit plus qu’elle ne vit. L’argent se fait souvent rare, le chauffage est régulièrement coupé. Mais de toutes ces galères naissent une solidarité et une amitié sans faille entre les quatre co-locataires. C’est très émouvant et réconfortant.

J’ai donc adoré l’histoire secondaire. Ce$ sont les relations entre les personnages qui m’ont le plus intéressée. En effet, l’intrigue principale est courue d’avance. Ça la gâche complétement. Il ne faut donc pas s’attendre à être surpris avec ce livre.

Les chapitres sont écrits du point de vue de Zelda ou du point de vue de Julie. Les deux voix alternent sans cesse. Cela permet à l’auteur de montrer l’action à travers les yeux de ses deux personnages principaux et de mieux les faire comprendre aux lecteurs. Du coup, j’ai trouvé les personnages très attachants.

Zelda d’abord. Elle ne s’apitoie jamais sur son sort. C’est une jeune fille joyeuse qui voit la vie et son avenir en rose ! C’est une grande leçon de courage qu’elle nous livre ici. Elle a tourné la page de son accident et ne veut qu’une chose : avancer.
Au contraire de sa sœur Julie. Sa colère ne s’apaise pas depuis l’accident de Zelda. Tout n’est que rage en elle. Elle ressasse éternellement les même pensées et les mêmes idées de vengeances. Elle ne peut donc pas envisager son avenir sereinement. Elle ne réussit pas à garder un travail très longtemps, elle ne veut pas se mettre en couple, etc. Elle voue sa vie à sa petite sœur. Le personnage de Julie m’a fait osciller entre l’énervement et la compassion. J’aime à croire que j’ai plus le caractère de Zelda mais je comprends la rage et l’obsession de Julie.
Jojo et Kathy sont de vrais coup de cœur. Ils sont tellement attachants et attendrissants ! Rien que pour les découvrir, cette lecture valait le coup.

Je ne parle pas de Baptiste volontairement. Ce personnage est inutile. L’auteur aurait très bien pu se passer de lui et du final (que tout le monde avait deviné rien qu’en lisant la quatrième de couverture). Quel gâchis de finir sur ça. Leur vie quotidienne suffisait largement.

Une lecture que je recommande grandement car même si le sujet est dur, elle m’a laissé un sentiment de joie et d’espoir.

Extraits

« Aujourd’hui j’ai envie de dévorer la vie et j’ai un appétit d’ogre que tout intéresse : les choses, les lieux, les gens. Je suis redevenue apte aux grands moments. Vous savez, ces moments que les gens appellent des petits bonheurs ? Il y a un truc primordial qui jamais ne les effleure, c’est que le bonheur ne peut pas être petit. Jamais. »

« Parce qu’on a forcément envie de ce qu’on n’a pas : les tétras rêvent d’être paras, les paras d’avoir des jambes, ceux qui en ont veulent être riches et célèbres, et je suppose que ceux qui le sont déjà meurent d’envie de l’être encore plus. Après quoi, le désespoir est aux aguets. »

Le défi livresque d’avril de Pocket jeunesse

27) Lire un livre qui parle de la tenue du héros/de l’héroïne : Les tenues de Julie sont régulièrement évoquées.

Emily

 

 

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